Conformément au paragraphe 2 (g) des Directives régissant la conduite de ses travaux, le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1533 (2004) concernant la République démocratique du Congo rend publics les résumés des motifs ayant présidé à l’inscription sur la liste des sanctions des individus et entités visés par l’interdiction de voyager ou par le gel des avoirs.
Eric Badege a été désigné pour sanctions le 31 décembre 2012 conformément aux critères établis au paragraphe 4 de la résolution 2078 (2012).
Selon le rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo, en date du 15 novembre 2012, « [...]le lieutenant-colonel Eric Badege était devenu l’agent de liaison du M23 au Masisi et [...] commandait les opérations menées en commun avec [...] » un autre chef militaire. En outre, « une série d’attaques coordonnées, menées en août 2012 par Eric Badege [...] ont permis au M23 de déstabiliser une grande partie du Masisi ». « Selon d’ex-combattants, le lieutenant-colonel Badege [...] [a] orchestré ces attaques sur les ordres du colonel Sultani Makenga ». En tant que commandant militaire du Mouvement du 23 mars (M23), Eric Badege est responsable d’actes de violence graves dirigés contre des femmes et des enfants dans des situations de conflit armé. Selon le rapport précité du Groupe d’experts, il y a eu plusieurs cas graves de massacres systématiques de civils, dont des femmes et des enfants. Depuis mai 2012, les Raïa Mutomboki, sous le commandement du M23, ont tué des centaines de civils dans une série d’attaques coordonnées. En août, Eric Badege a mené des attaques conjointes au cours desquelles des civils ont été tués aveuglément. D’après ce même rapport, ces attaques ont été orchestrées conjointement par Eric Badege et le colonel Makoma Semivumbi Jacques. Toujours selon ce rapport, des dirigeants locaux du territoire de Masisi ont déclaré qu’Eric Badege commandait ces attaques des Raïa Mutomboki sur le terrain. À en croire un article de Radio Okapi en date du 28 juillet 2012, « l’administrateur [...] de Masisi a annoncé, [le] samedi 28 juillet la défection du commandant du 2e bataillon du 410e régiment [des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) basé] à Nyabiondo, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Goma dans le Nord-Kivu. Selon lui, le colonel Eric Badege et plus d’une centaine de militaires se sont dirigés, vendredi, vers Rubaya, à 80 kilomètres au nord de Nyabiondo. Cette information a été confirmée par plusieurs sources concordantes ». D’après un article de la BBC daté du 23 novembre 2012, le M23 a été formé lorsque d’anciens membres du Congrès pour la défense du peuple (CNDP) qui avaient été intégrés dans les FARDC ont commencé à protester contre les mauvaises conditions de service et de paie et contre la non-application intégrale des accords de paix du 23 mars 2009 entre le CNDP et la RDC qui avaient conduit à l’intégration du CNDP dans les FARDC. Selon un rapport de l’International Peace Information Service (IPIS) daté de novembre 2012, le M23 mène activement des opérations militaires afin de s’emparer de territoires dans l’est de la RDC. Le M23 et les FARDC se sont affrontés pour prendre le contrôle de plusieurs villes et villages dans l’est de la RDC les 24 et 25 juillet 2012; le M23 a attaqué les FARDC à Rumangabo le 26 juillet 2012, les a boutées hors de Kibumba le 17 novembre 2012 et a pris possession de Goma le 20 novembre 2012. Selon le rapport précité du Groupe d’experts, plusieurs ex-combattants du M23 font valoir que des dirigeants du M23 ont exécuté sommairement des dizaines d’enfants qui avaient essayé de s’échapper après avoir été recrutés comme enfants soldats dans ses rangs. Selon un rapport de Human Rights Watch en date du 11 septembre 2012, un Rwandais âgé de 18 ans, qui s’était échappé suite à un enrôlement de force au Rwanda, a dit à Human Rights Watch avoir été témoin de l’exécution d’un garçon de 16 ans de son unité du M23 qui avait tenté de s’enfuir en juin. Le garçon a été capturé et battu à mort par des combattants du M23 sous les yeux des autres recrues. Le commandant du M23 qui a ordonné son exécution aurait ensuite dit aux autres recrues qu’il « voulait nous abandonner » pour expliquer pourquoi le garçon avait été tué. Il ressort également du rapport que des témoins auraient soutenu qu’au moins 33 nouvelles recrues et d’autres combattants du M23 avaient été sommairement exécutés lorsqu’ils avaient tenté de s’échapper. Certains avaient été ligotés et exécutés devant d’autres recrues pour l’exemplarité de la peine. Une jeune recrue a déclaré à Human Rights Watch : « quand nous étions avec le M23, ils nous ont dit que nous avions le choix entre rester avec eux ou mourir. Beaucoup ont essayé de s’échapper. Certains ont été rattrapés et voués à une mort immediate.
Il a fui au Rwanda en mars 2013 et y vivait encore au début de 2016.